#1 Avenirs Numériques

 

Fabrice Flipo, philosophe des sciences et techniques de l’Université Paris Diderot – Paris Université, membre du Laboratoire du Changement Social et Politique (Université Paris Diderot, Paris Université) propose ici de penser l’avenir du numérique.

Le numérique consomme de l’énergie et serait aujourd’hui à l’origine de 3 à 4% des émissions de gaz à effets de serre planétaires. Internet facilite également la circulation de la matière et participera à l’augmentation de la consommation de la matière prévue par l’OCDE. Le numérique a également une dimension sociale dont nous ne pouvons pas simplement nous passer et pourrait exercer une forme de « monopole radical ». De nouvelles formes de réseaux pourraient avoir un effet positif sur ces différentes dimensions.

voir aussi : L’inquiétante trajectoire de la consommation énergétique du numérique, The Conversation, 2 mars 2020, Fabrice Flipo. à lire ici.

Les questions des participant·e·s :

08:04– Est-ce que vous pensez que l’on va devoir limiter notre usage d’internet dans le futur

09:44– Quelle est la part de la blockchain dans la consommation numérique.

13:20– La crise du Covid ne risque elle pas d’encourager les gouvernements à renforcer leur arsenal de surveillance numérique pour faire face aux problématiques de sécurité non traditionnelle, type pandémie, suivant l’exemple de la Corée du Sud, Taiwan, Singapour ?

16:11– En Europe, y a-t-il encore une possibilité d’éviter le déploiement de la 5G? Il semble que le débat démocratique a été escamoté et que les textes sont passés, de sorte que tout retrait pénaliserait maintenant lourdement les états financièrement.

18:37– Qu’est-ce que l’on peut faire pour s’affranchir de la dépendance aux infrastructures américaines ?

20:12– Vous avez parlé des espoirs libertaires des débuts de l’internet. Qu’est ce que vous envisagez de ce point de vue pour l’avenir ?

21:25– Quel serait l’avenir de la propriété intellectuelle ?

25:57– Les collectivités sont engagées dans une course à l’échalote sur l’équipement des territoires en THD, 5G… Connaissez-vous des scénarios solides de « décroissance numérique » style NoWatt dans le domaine de l’énergie ? Green it.fr semble se limiter à présenter quelques pistes de réflexion.

 

Découvrez les autres webinars :
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Indicateurs de richesses et sociétés post-croissance avec Dominique Meda
Minéraux et énergie avec Olivier Vidal
Démocratie et transition avec Loïc Blondiaux
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Aller plus loin


Références

Quelques ressources :
green.it
theshiftproject.org
digiconomist.net/bitcoin-energy-consumption : pour suivre la consommation du bitcoin

Pour revenir sur les concepts abordés pendant l’intervention :
Le principe de Landauer : la manipulation de l’énergie a un coût énergétique.
– Pour une explication voir le billet d’Antoine Bérut ici.
– Bérut, A., Arakelyan, A., Petrosyan, A., Ciliberto, S., Dillenschneider, R., & Lutz, E. (2012). Experimental verification of Landauer’s principle linking information and thermodynamics. Nature, 483(7388), 187‑189. (https://doi.org/10.1038/nature10872).
– Landauer, R. (1961). Irreversibility and Heat Generation in the Computing Process. IBM Journal of Research and Development, 5(3), 183‑191. (https://doi.org/10.1147/rd.53.0183 Texte en ligne).

Le principe de commutation des paquets : inventé par Léonard Kleinrock et sur laquelle repose internet.

Le paradoxe d’Easterlin : à partir d’un certain seuil, le niveau de richesse n’est pas corrélé avec le niveau de bien-être ressenti par les individus.
Easterlin, R. A., McVey, L. A., Switek, M., Sawangfa, O., & Zweig, J. S. (2010). The happiness-income paradox revisited. Proceedings of the National Academy of Sciences, 107(52), 22463‑22468. (https://doi.org/10.1073/pnas.1015962107).

La notion de monopole radical d’Ivan Illich : « À cause de son caractère caché, de son retranchement, de son pouvoir de structurer la société, je juge ce monopole radical. Quand une industrie s’arroge le droit de satisfaire, seule, un besoin élémentaire, jusque-là objet d’une réponse individuelle, elle produit un tel monopole. La consommation obligatoire d’un bien qui consomme beaucoup d’énergie (le transport motorisé) restreint les conditions de jouissance d’une valeur d’usage surabondante (la capacité innée de transit). La circulation nous offre l’exemple d’une loi économique générale : tout produit industriel dont la consommation par personne dépasse un niveau donné exerce un monopole radical sur la satisfaction d’un besoin. » Énergie et équité,  Ivan Illich, 1973, Ed Le Seuil.