Coronavirus et crise climatique

 
 
 
 
 

Le 13 mars 2020, Mathieu Vidard reçoit François Gemenne, chercheur en géopolitique de l’environnement, dans la première partie de l’émission La tête au carré, sur France Inter. Le chercheur réagit durant un petit quart d’heure en début d’émission sur les annonces du président de la République du 12 mars, visant à limiter les déplacements pour contrôler l’épidémie de Covid19.

L’animateur constate qu’alors que le vocabulaire de « crise » et d’ « urgence » est utilisé tant pour le climat que pour la maladie, des mesures drastiques sont prises pour l’épidémie, mais pas pour le climat. D’après François Gemenne, l’explication réside dans la différence de proximité entre les deux crises et la population. Alors que le coronavirus touche les français ici et maintenant, la crise climatique nous paraît distante, à la fois dans l’espace (les pays en développement seront les principaux touchés), et dans le temps (le changement climatique fera sentir ses effets sur plusieurs décennies).

Une autre différence se situe dans l’impression, à ce stade, que la crise sanitaire est temporaire, et qu’il faut s’attendre à un retour à la normale une fois l’épidémie contrôlée. La crise climatique, en revanche, implique une transformation profonde et donc, pas de retour à l’état antérieur.

A 6:34, le chercheur aborde les liens entre la crise sanitaire et la crise environnementale. Il précise que le virus venant vraisemblablement d’un pangolin, la survenue de cette épidémie questionne le rapport au vivant de l’humanité. D’une certaine manière, il s’agit du vivant qui se retourne contre l’humanité.

On peut s’attendre à une chute des émissions de gaz à effet de serre en 2020, par la limitation des transports qu’impliquent les mesures sanitaires. La diminution de la pollution atmosphérique, de façon paradoxale, peut sauver plus de vies que le virus ne risque de faire de morts.

En revanche, les mesures qui permettent la diminution des émissions de gaz à effet de serre sont subies et non choisies. L’enjeu, pour les suites de l’épidémie, est de construire un projet politique où les mesures diminuant l’émission de gaz à effet de serre seront choisies et non subies.


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Références